Joachim Bonnemaison

Préambule

 

« Primitif" c’est retourner aux « origines premières », aux premiers préceptes mécaniques optiques, chimiques … de la mise en œuvre de la photographie, cela pour trouver, grâce à cette connaissance de la genèse de la photographie, des voie inexplorées et/ou abandonnées. Ce n’est surtout pas, comme dans un livre récent, photographier d’une façon ou d’une autre des sujets / objets « d’art primitif ». Ici il faut entendre « primitif de la photographie » en tant que moyen d’expression peut importent les sujets / objets.

 

1 – Le cercle d’image net

L’image produite par une optique est matérialisée sur un plan par un « cercle d’image net ». Le rectangle, le carré sont des œillères que l’industrie, la culture du dessin ou de la peinture ont imposé. En mettant en valeur le « Cercle d’image net » Joachim Bonnemaison rejoint les formes de composition en « Tondo ». ( voir : le Parmesan, Charles Nègre …)

 

2 – La fresque, l’anamorphose des lieux.

L’apparition de la pellicule souple a permis l’enregistrement synchronisé du défilement du support de l’image et de l’espace photographié. (Cyclographe de Damoiseau) L’image rectangulaire ainsi décadrée sur la droite et sur la gauche se nomme « Panorama » et rejoint ainsi l’art de la Fresque dans une anamorphose des lieux.

 

3 –La fresque, l’anamorphose du temps :

Le défilement de cette pellicule , synchronisé  avec un défilement d’objets, et ceci dans des prises de vues successives , construit une fresque dont le continuum est une « anamorphose du temps ».

 

4 –Sculptures :

Ces ensembles d’images, rondes ou /et longues montées dans l’espace donnent des sculptures que l’on nomme sphères armillaires, anamorphose globales concaves , convexes, tavolas scalatas …

 

Nota bene : « la fin de l’argentique ».

L’originalité du travail de Joachim Bonnemaison tient, paradoxalement, à la totale main mise des procédés numériques sur la photographie. En éliminant le « cercle d’image net  » (taille insuffisante des capteurs) et le « continuum de défilement » (abandon du support souple), la photographie numérique, installe donc Joachim Bonnemaison, comme l’unique et le dernier des primitifs.

Preamble

 

“Primitive” means to return to the “very beginning,” to the first aesthetic, mechanical, optical, and chemical precepts ... of the workings of photography.  This is done in order to find, thanks to the knowledge of the genesis of photography, new and unexplored or abandoned paths.  It is definitely not photographing, one way or another, the subjects or objects of “primitive art.”  Here, the reader should understand “primitive photography” as a means of expression, no matter what the subject or object.

 

 1.  The circular shape of the focused image

The image produced by a lens is materialized on a surface in the form of a focused image in the shape of a circle. The rectangle and the square are blinders that industry and the culture of drawing or painting have imposed.  By valorizing the round shape of the focused image, Joachim Bonnemaison joins the forms of the composition in a tondo (See the painting of Parmagianino or the photography of Charles Nègre).

 

 2.  The fresco, an anamorphosis of place

The invention of flexible film allowed for the synchronized recording of movement across both the surface of the image and and within a photographed space (as in Damoiseau’s Cyclograph).  The rectangular image cropped on the right and left was called a “panorama” and, in this, joins fresco as an anamorphosis of place.

 

 3.  The fresco, an anamorphosis of time

The movement of the film behind the lens, synchronized with the movement of objects in front of it, in a single, successive exposure constructs a time-space continuum which is an “anamorphosis of time,” a new notion and formalization of time.

 

 4.  Sculptures

These ensembles of images, round and/or long, mounted in three dimensions, create sculptures that I call “armilliary spheres,” global concave or convex anamorphosis, tavolas scalatas...

 

 Nota Bene: “The End of Film Photography”

The originality of Joachim Bonnemaison’s work derives, paradoxically and against the grain, from the total dominance of digital techniques in the world of photography.  By eliminating the round shape of the focused image (due to the insufficient size of the electronic captors) and the continuous unfolding of the film (abandonment of the flexible film itself), digital photography thus makes Joachim Bonnemaison the last of the primitives.

  • 1 – Tondo

    photographie ronde (rotondo : XIVe siècle, Florence), perspective euclidienne ou hémisphérique : archétype du cadrage photographique utilisant l’ensemble du « cercle d’image nette », c’est-à-dire la projection sur un plan de l’image retranscrite soit par le sténopé (trou microscopique capable de reproduire

    l’image), soit par l’optique utilisée dans sa couverture maximale. L’image ronde fut fréquemment utilisée par Charles Nègre, Marc-Antoine Gaudin, Gustave de Beaucorps, et jusqu’à IlanWolff…

  • 2 – Grand angulaire wide lens

    ou perspective euclidienne : le perfectionnement des systèmes de lentilles permet ici un élargissement maximal des champs de vision.

    Développé dans la description de l’architecture ou des paysages, notamment par Charles Nègre,

    Gustave de Beaucorps, Hill et Adamson…

  • 3 – vision hémishérique hemispherical vision

    ou sky camera : sous la forme de tondo, la vision hémisphérique reprend une perspective euclidienne au pôle, et anamorphique à partir du tropique et jusqu’à l’équateur

    Elle utilise les limites des systèmes optiques traditionnels. Dans sa version restreinte et populaire, elle est appelée « oeil de poisson » ou « fish eye ». Bertsch (1855) décrit la vision de l’oeil de la mouche, qui est une vision hémisphérique multipoints. Procédé utilisé notamment en météorologie.

  • 4 – prémices anamorphiques early anamorphosis

    les images sont obtenues avec des appareils conventionnels à travers des gouttes de miroir, des plans déformants ou restructurants. Elles sont liées à une fascination du reflet et la volonté de fixer une image virtuelle. André Kertész est un des utilisateurs de cette technique.

  • 5 – anamorphose anamorphosis

    la perspective anamorphique est une perspective

    ouverte, circulaire et déambulatoire, car, contrairement à l’anamorphose picturale qui ne se décrypte que d’un point de vue donné, l’anamorphose photographique se lit rayon par rayon sur le tour d’horizon. Abondante en représentation des villes, du temps de la gravure, elle n’a connu d’émergence photographique que grâce au colonel du génie Mangin, qui l’a inventée à travers le périgraphe instantané (1878).

  • 6 – perspectives concaves et convexes

    concave and convex perspectives

    à partir d’une hypothèse du colonel Mangin, Joachim Bonnemaison a développé les anamorphoses

  • 7 – panoptique 360° 360° panoptic

    perspective curviligne en continu, le terme « panoptique » définit la continuité de la prise de vue. La transmission de la perspective sur un tronc de cylindre à 360° est faite par un appareil rotatif mû autrefois par un mécanisme d’horlogerie, par des ressorts et plus récemment par des moteurs électriques. Cette classification apparaît à la naissance de la pellicule souple. Le périgraphe de Lumière (1901), le Cirkut de Kodak sont utilisés pour les paysages ou les descriptions de groupes humains (Goldbeck, vers 1923).

  • 8 – panorama inverse reverse perspective

    l’objet photographié effectue une rotation devant la pellicule qui défile simultanément.

    Les éléments les plus lointains sont plus gros que les plus proches, contrairement à la perspective classique. Utilisé dans les descriptions d’objets cylindriques (archéologie, recherche…), ce panoptique inverse donne l’ensemble d’une vision satélitaire en continu.

  • 9 – panoptique à plus de 360°  more than 360° panoptic

    décrire 360° est une vision unitaire et primaire de l’espace. Dépasser 360°, c’est en fait revenir sur un nouvel espace, car cet espace peut avoir changé avec le temps de rotation : c’est une vision qui se rapproche du cinématographe. L’arrivée des pellicules souples, qui progressent à l’intérieur de l’appareil en sens inverse de sa rotation, permet de décrire le tour d’horizon et de revenir sur l’espace déjà décrit.

    Le Cyclographe de Damoiseau (1893) est le premier appareil sophistiqué qui permette de réaliser ce type de prises de vues. Joachim Bonnemaison rencontre Hermann Seitz en 1982 et lui confie la réalisation du Bonnemaison n°I, ainsi qu’un agrandisseur en continu, rendu possible grâce à l’émergence des technologies informatiques. Ont ensuite succédé les sériesdes Seitz Round Shot…

  • 8 – Panorama inverse reverse perspective

    l’objet photographié effectue une rotation devant la pellicule qui défile simultanément.

    Les éléments les plus lointains sont plus gros que les plus proches, contrairement à la perspective classique. Utilisé dans les descriptions d’objets cylindriques (archéologie, recherche…), ce panoptique inverse donne l’ensemble d’une vision satélitaire en continu.

  • 9 – Panoptique à plus de 360°  more than 360° panoptic

    décrire 360° est une vision unitaire et primaire de l’espace. Dépasser 360°, c’est en fait revenir sur un nouvel espace, car cet espace peut avoir changé avec le temps de rotation : c’est une vision qui se rapproche du cinématographe. L’arrivée des pellicules souples, qui progressent à l’intérieur de l’appareil en sens inverse de sa rotation, permet de décrire le tour d’horizon et de revenir sur l’espace déjà décrit.

    Le Cyclographe de Damoiseau (1893) est le premier appareil sophistiqué qui permette de réaliser ce type de prises de vues. Joachim Bonnemaison rencontre Hermann Seitz en 1982 et lui confie la réalisation du Bonnemaison n°I, ainsi qu’un agrandisseur en continu, rendu possible grâce à l’émergence des technologies informatiques. Ont ensuite succédé les sériesdes Seitz Round Shot…

  • 10 – Panoramique  panoramic

    perspective curviligne. Dès l’invention de la photographie, les artistes qui utilisaient la chambre claire pour réaliser des panoramas de villes (von Martens, Urlimann…) se sont investis dans la réalisation de daguerréotypes panoramiques : l’objectif tourne grâce à un mouvement d’horlogerie et l’image est fixée sur une portion de tronc de cylindre (120° à 180°), donc en perspective curviligne. Un nombre important de constructeurs ont par la suite développé et perfectionné ce type d’appareils panoramiques (von Martens, Brandon Johnson and Braun, Moessart, Eastman,Wide Lux…).

  • 11 – Panorama

    terme courant qui est en fait une perspective euclidienne fractionnée. Il s’agit d’une série de plans dont les éléments sont tangentiels à un tronc de cylindre. L’histoire offre des exemples multiples (Le Gray, Bisson).

    Actuellement, la prise de vue numérique et les programmes informatiques permettent d’assurer une continuité quasi imperceptible d’une image à l’autre. C’est actuellement le mode d’utilisation le plus populaire du procédé.

  • 12 – Panorama virtuel virtual panorama

    prise de vue euclidienne qui se réalise en photographiant un objet sur cinq faces. Sa réfraction dans un double miroir en « V » et sa nouvelle réfraction de miroir à miroir permettent d’obtenir cinq images qui rendent compte des différentes faces du même objet. Cet artifice utilisé par des photographes de fêtes foraines a été repris, entre autres, par l’architecte Gaudi (pour réaliser ses sculptures), ainsi que par Marcel Duchamp.

  • 13 – Faux panorama false panorama

    différentes vues en perspective euclidienne, réalisées suivant le même schéma, sont assemblées côte à côte, alors qu’en réalité elles ne le sont pas ; c’est un panorama imaginaire. Ces vues donnent l’impression d’un champ de vision continu qui en fait n’existe pas.

  • 14 – Panorama de travelling travelling panorama

    l’appareil photographique se déplace en parallèle et linéairement par rapport à l’objet photographié. La pellicule défile en sens inverse et de façon synchrone par rapport à la mobilité de l’appareil, qui effectue un travelling. Des fresques très longues peuvent être photographiées d’un seul tenant. Des exemples ont été réalisés par Jaroslav Poncar sur les fresques d’Ankor Vat au Cambodge avec un matériel sophistiqué.

  • 15 – Vue de panorama panorama view

    perspective euclidienne classique prise au grand angulaire et recadrée dans un format allongé. Cette vue de panorama rectangulaire est très fréquente : elle concerne soit un recadrage de la photographie originale, soit l’utilisation d’une partie de surface produite par une optique dont la surface de recouvrement est plus grande, en haut et en bas du cadrage.

  • 16 – Vue de panorama ovale oval panorama view

    : de même que précédemment,le recadrage se fait de façon ovale. C’est le formalisme ovalisé d’une vue de panorama.

    L’arrondi dégressif à droite et à gauche, ou en bas et en haut, permet de suggérer un espace que l’imaginaire poursuit.

© Joachim Bonnemaison 2014